Philippe Hardy et la Marsalette

(Propos de Philippe Hardy recueilli par Alain Mauger)

Petit résumé d’un weekend à jamais gravé au fond de moi.
Un marathon (Toulouse) avec une équipe incroyable…

philppe Hardy

Avant le départ : les 2 Marsalettes sont sur la ligne avec d’autres handis….fauteuils solo et athlètes atteints de cécité …..Le cœur en prend un coup…Le top sera donné 5 minutes avant les cadors et tous les accrocs du marathon…

Le départ 9h40 ….et nous voici seuls sur ce long pont encouragé par un public immense et je dirais même Putain !!!QUE C’est jouissif de tels encouragements que l’équipe dédie à chaque fois à Caroline…Caroline jeune adulte atteinte d’une myopathie qui prend hélas une place de plus en plus importante   dans sa vie ….Jeune femme adorable avec un doux sourire qui donne l’envie de se battre pour elle sur cette course…(Je précise sans méchanceté son poids :80kgs ajouté celui du fauteuil de 15 kg environ….)..

Vers le 3ième kilo les cadors nous dépassent et nous encouragent aussi ….trop génial….

Stratégie de course: tous les cinq kilomètres notre équipe doit s’arrêter pour que Caroline puisse sortir de son fauteuil….soit au total 7 arrêts de cinq minutes ….ajouté en un au 26ième pour souci technique …..

Stratégie n2: Tous les 400 mètres, passage de relais qui se résume comme ceci : 1. Poussée du fauteuil, 2 et 3éme relais repos, 4 et 5 tracter le fauteuil de la main gauche pour un coureur et de la main droite pour l’autre coureur, 6, 7 et 8 repos et rebelote jusqu’au bout. Une féminine est présente dans l’équipe pour réguler le tempo que l’on cale entre 5’ 15 et 5’30 au kilo.

35 kilomètre, cela devient dur. Déjà 8 arrêts (au total cela doit faire au moins 40 minutes d’arrêt. 37ième douleur au mollet. Avec un équipier, le ralenti se fait sentir. Nous ne pouvons plus assurer les relais. Je m’accroche du regard à l’équipe et je reviens à 20 mètres au 38ième. Mais au 39ième plus rien. Tant pis je lâche.

41,2ième : Je me botte le cul et repars en trottinant. Le mollet est dur et une crampe apparait sous le pied. Je franchis la ligne environ 8 minutes après mon équipe et la retrouve après la ligne avec une émotion énorme et un chouia de frustration de n’avoir pas pu aller au bout avec elle. (4 seulement ont fini relativement frais ou moins abimés que les 4 autres). Mais une nouvelle fois peu importe, cette course était pour Caroline. 4h43 à notre chrono pour 43,400 km : il a fallu quelques faire des zigzags sur le parcours pour éviter des obstacles et laisser passer les coureurs. L’équipe 1 termine en 3h32 sans aucun arrêt : Le Top.
L’équipe relais (2 fauteuils pour 4 équipes en 4 fois 10 kilomètres, plus 2 kilomètres pour l’ensemble des relayeurs) fait son marathon en 4h15. A noter que le marathon relais lui est parti à 10h15.
L’apothéose sera pour les marathoniens des deux premiers fauteuils autorisés à finir les 500 derniers mètres tous ensemble avec les 2 derniers fauteuils soit cinquante de coureurs au couleurs de La Marsalette avec les fauteuils relais.
Bref que du Bonheur et je rajouterais à nouveau : Putain quel pied. Je n échangerais à rien ma souffrance dans les derniers kilomètres pour une telle cause. J’ajoute cette aventure d’équipe à celle que j’ai vécue lors des 24 heures et l’ekiden.

Ce soir les au-revoir ont été chargés d’une intense émotion et de pleurs ; difficile de se quitter après une telle aventure. De longues minutes passées avec Caroline à s’enlacer avec cette promesse de recommencer : rien que pour elle.

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